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    LIFESTYLE

    Mes démarches pour mon installation en Infirmière Libérale Remplaçante

    Vous me l’avez demandé à plusieurs reprises en message privé.

    Comment tu as fait pour t’installer ?

    Les démarches sont aussi longues et fastidieuses qu’on le raconte ?

    Est ce que tu pourrais nous rédiger un article ?

    En effet, les démarches ne sont pas faciles à mettre en place et comme, en tant qu’infirmiers, nous devons attendre un certain temps avant de nous installer, on oublie vite les quelques (rares) cours à l’école qui nous donnaient des explications.

    Voici donc les différentes procédures:

    • Etre titulaire du Diplôme d’Etat infirmier
    • S’inscrire au tableau de l’Ordre Infirmier (pour enregistrer votre diplôme vous aurez besoin de votre numéro Ordinal)
    • Etre enregistré au répertoire ADELI (auprès de l’ARS) en faisant enregistrer votre Diplôme.
    • Si vous êtes salarié et que vous souhaitez cumuler (possible dans le privé): autorisation de l’employeur sinon vous risquez une sanction disciplinaire.
    • Détenir une autorisation de remplacement délivré par l’Ordre Infirmier. POUR CELA: il faut vous conventionner auprès de la CPAM: expérience suffisante de l’exercice infirmier (minimum 2400H ce qui équivaut à environ 18 mois de travail , durant les 6 dernières années. Heures validées si vous avez travaillé dans un établissement de soins, une structure de soins ou un groupement de coopération sanitaire). Quand vous avez le papier remplit par la CPAM pour valider cette expérience et qui vous conventionne, il faut l’envoyer à l’Ordre infirmier pour recevoir une autorisation de remplacement.
    • Avoir une Responsabilité Civile Professionnelle (RCP) pour l’exercice en libéral.
    • Signer un contrat de remplacement et le transmettre à l’ARS du lieu d’exercice de l’IDE remplacée (si celui-ci dure plus de 24H ou moins mais qu’il est répété). Il doit être transmis avec l’adresse du cabinet et votre numéro d’inscription à l’Ordre.
    • Faire une déclaration OBLIGATOIRE à l’URSSAF dans les 8 jours suivants le début de votre premier remplacement (pour les cotisations). C’est lors de mon passage à la CPAM qu’elle m’a fait remplir un document cerfa « déclaration de début d’Activité, personne physique, profession libérale et assimilée et artiste auteur ». Envoyé ensuite le jour de mon début d’activité. Attention à ne pas l’envoyer trop tôt car vous commencerez à payer des cotisations avant même d’avoir commencé à travailler.
    • S’affilier à la CARPIMKO (caisse de retraite). Normalement se fait automatiquement lors de votre déclaration mais vous assurez que cela soit bien fait car parfois.. il y a des loupés !
    • ATTENTION l’autorisation de remplacement n’est valable qu’un an et vous devez demander son renouvellement deux mois à l’avance.
    • On ne peut remplacer au maximum que deux infirmières en même temps le même jour.
    • Il est conseillé d’avoir deux comptes distincts. Un à usage professionnel et un qui est votre compte habituel. C’est mieux pour votre bilan comptable !
    • Il est conseillé de prendre une caisse de retraite complémentaire car celle versée par la CARPIMKO n’est pas suffisante.
    • Il est conseillé de prendre une mutuelle « Loi Madelin ». Cette loi permet aux travailleurs non salariés de déduire leurs cotisations santé de leur revenu imposable dans la limite d’un plafond fiscal.
    • Il est conseillé de prendre une Prévoyance (contrats et garanties qui couvrent les risques sociaux liés à la personne en cas d’arrêt de travail. Ce dernier peut être temporaire ou définitif notamment : accidents de la vie quotidienne ou maladies causant une incapacité de travail, une invalidité, voire un décès. Quel que soit l’événement, l’intérêt des contrats de prévoyance est d’assurer le maintien des revenus de la personne et de sa famille.). Car la CARPIMKO indemnise seulement au bout de 91jours.
    • Il est conseillé de prendre une assurance pour les accidents du travail ou les maladies professionnelles. J’ai pris celle de l’Assurance Maladie « Assurance Volontaire Individuelle, Accidents du travail et maladies professionnelles. »
    • Il faut s’affilier à une Association de Gestion Agréée c’est un organisme à but non lucratif agréé par l’Administration fiscale et à usage exclusif des membres des professions libérales. Y adhérer c’est éviter la majoration de 25 % applicable aux non-adhérents d’AGA. Les AGA proposent des accompagnements: formations, veille juridique et comptable, contrôle des comptes,…
    • Selon les cabinets où vous travaillerez, il peut vous être demandé votre Carte Professionnelle de Santé (CPS) pour la facturation des soins que vous avez réalisé. C’est une carte d’identité professionnelle électronique dédiée aux secteurs de la santé et du médico-social. Pour la recevoir , en tant que remplaçante, c’est le Conseil de l’Ordre des infirmiers qui délivre un formulaire que vous devez compléter et signer. Après signature et tampon du CO vous devez le transmettre à ASIP SANTE qui vous délivrera une Carte de remplaçante.
    • ATTENTION: il est important de mettre 50% de votre chiffre d’affaire de côté. Car au bout de deux ans d’exercice il y a un rattrapage de fait sur vos cotisations. Ne vous faites pas avoir en ne gardant pas d’argent pour le payer au moment venu !

    Voila, j’espère que je vous ai aidé et que je n’ai rien oublié. Si c’est le cas ou si vous avez des conseils a donner, n’hésitez pas à le faire en commentaires.

    A très vite,

    runamande
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    HUMEURS

    Infirmière !

    Lorsque j’ai commencé mes études d’infirmière, je n’aurais jamais pensé faire mes papiers pour être IDE libérale un jour. Je souhaitais faire:

    • soit une carrière d’infirmière spécialisée dans l’urgence et le SAMU (j’avais réalisé mon mémoire sur ce thème là).
    • soit infirmière militaire de carrière avec quelques missions à mon actif.

    Mais la vie nous réserve parfois quelques surprises et même si j’avais tout mis en place pour que cela se passe comme je l’avais prévu.. aujourd’hui je ne suis plus du tout dans ce schéma là.

    J’ai décidé de ne pas renouveler mon contrat avec l’armée après 4 ans de service pour pouvoir suivre mon conjoint dans sa mutation. C’était plus simple pour notre vie de couple et je savais que je pouvais toujours espérer une carrière qui me plaise aussi dans le civil.

    C’est comme ça que je me suis retrouvée dans une clinique privée pour un boulot sur le pool, en 12H, qui me permettait de me libérer du temps pour les entrainements Ironman. Sur le papier c’était un post super interessant: le pool me faisait aller dans les services de chirurgie, soins intensifs, urgence et médecine. En chirurgie, il y avait plein de spécialités: orthopédique, viscérale (avec chirurgies bariatriques), urologie, coronarographie, etc. Je me disais que je n’allais pas m’ennuyer et apprendre plein de choses !

    Alors oui, j’allais apprendre plein de choses mais j’allais surtout survivre au milieu d’un terrain hostile.

    En médecine ça se passait pas trop mal, les médecins étaient en majorité bienveillants. L’équipe était plutôt accueillante et les patients prient en charge sans que l’on ressente trop une pression du chiffre. Il y avait quand même un pneumologue qui refusait de prescrire les prises de sang et nous obligeait à le faire. Une collègue s’était aussi disputée avec lui car elle refusait d’appeler la famille pour annoncer un décès. Il est allé se plaindre à la direction et celle-ci a répondu que « oui il faudrait que les infirmières s’y mettent ».

    Mais quand je suis arrivée en chirurgie.. j’ai douloureusement compris pourquoi il y avait un tel turn-over d’infirmières qui ne restaient pas.

    Chirurgie de semaine: le patient passe quelques jours dans le service mais rentre chez lui le week-end. Ce sont donc des opérations qui ne nécessitent pas un besoin de long séjour dans la clinique. Si jamais le patient doit rester le week end car, finalement, il ne peut pas rentrer chez lui: on le mute dans le service de chirurgie générale.

    Lorsque j’étais à l’armée, quelque soit le niveau d’étude de la personne en face de moi, on m’appelait par mon prénom ou on me le demandait. J’avais le droit aux règles de politesse élémentaires. Ce n’était pas un système parfait mais je me sentais respectée.

    Dans ce service, j’ai déchanté ! Un des chirurgiens tapait dans ses mains pour qu’on lâche tout et qu’on le suive avec une feuille et un crayon. Ensuite, il me parlait par onomatopées pour que j’éteigne la télé du patient, pour comprendre ses désirs avant qu’il me les dise etc. Ce chirurgien était connu dans la clinique pour ses colères, ses insultes auprès du personnel soignant et pour nous raccrocher au nez si notre demande ne lui convenait pas.

    Un autre me demandait de passer des traitements intra veineux à des patients sans jamais me les prescrire. Alors j’avais le choix:

    • soit je décidais de les faire avec une petite transmission ciblée pour dire que c’était une prescription orale. Mais si jamais il y avait un problème.. c’était ma parole contre celle du chirurgien.
    • Soit je ne faisais pas les traitements demandés car non-prescrits (vitamine K, antibiotiques, etc) et je prenais le risque pour le patient qu’il se fasse opérer sans les soins pré-opératoires nécessaires au bon déroulement de l’opération.

    Alors, je les faisais mais le soir après la relève je passais une grosse demi heure à noter en transmissions écrites tout ces soins prescrits à l’oral par un chirurgien et/ou un réanimateur anesthésistes qui ne me les prescriraient jamais. Peut être qu’ils ne prescrivaient pas par manque de temps. Mais chaque fois, c’était mon diplôme et ma responsabilité que je mettais en jeu, lorsque je faisais un soin que le chirurgien m’avait dit de réaliser entre deux patients dans un couloir. Ou au bout d’un téléphone. Un soin que je ne pouvais pas vérifier avec la prescription sous les yeux pour être sûr de ne pas faire de bêtises. Même si ils me les prescrivaient une ou heure ou deux après, ça aurait été mieux que rien. Je les aurais validé plus tard, en les ayant fait plus tôt, mais au moins il y aurait une prescription. Même si je comprends les soins que je réalise, car c’est mon travail de savoir ce que je fais, je n’ai pas le niveau d’étude et le diplôme nécessaire pour travailler sans jamais avoir de prescriptions écrites pour me protéger.

    J’étais seule avec une aide soignante pour ce service.

    Je n’ai jamais vécu une telle charge mentale.

    Un jour, j’étais en train de faire comme je pouvais le tour du matin et de voir chaque patient pour savoir comment s’était passée la nuit, leur faire des prises de sang et soins intraveineux pour la douleur etc. Une des patientes opérées la veille d’une chirurgie bariatrique commence à vomir du sang. Je dois lui faire une prise de sang en urgence et surveiller ses constantes. Malheureusement, cette patiente est très très difficile à piquer. Elle est en hypotension, en surpoids et ses veines sont tellement fines et fragilisées qu’elles ne me donnent pas assez de sang. Je dois faire la prise de sang en plusieurs fois.

    L’aide soignante m’aide en préparant les patients pour le bloc, mais comme je suis coincée avec ma patiente urgente je ne peux pas avancer les dossiers et valider que les autres patients sont prêts à partir. Je me fais insulter au téléphone par l’anesthésiste car ils attendent une patiente au bloc et que je n’ai pas cliqué sur le bouton « prête pour le bloc ». Je n’ai pas eu le temps de voir cette patiente et je ne veux pas dire qu’elle est « prête pour le bloc » sans même avoir vu à quoi elle ressemble.

    Des ambulanciers m’attendent devant la porte car ils voudraient les papiers de sortie d’un autre patient qui doit partir ce jour. Mais je n’ai pas eu le temps de les faire car je suis toujours en train de gérer une urgence. Ils s’agacent car eux aussi perdent du temps sur les transports. Le personnel du ménage s’agace aussi car ils voudraient préparer les chambres. Il faut pouvoir accueillir les autres patients qui vont arriver juste après le départ de ceux que les ambulanciers viennent chercher. Un autre chirurgien s’impatiente car il voudrait faire le tour avec moi de ses patients à lui. J’ai des sonnettes qui m’appellent car d’autres personnes alitées ont mal et je suis seule à pouvoir leur injecter les antidouleurs. Et puis, il y a les patients qui doivent avoir les antibiotiques à l’heure, la surveillance de rinçage de sonde pour pas que des caillots se reforment et qu’elles se bouchent. L’ECG du retour de la coro. Et ma patiente vomit toujours du sang.

    Je suis seule et j’ai envie de me cacher dans un trou de souris car je ne sais pas comment faire pour être partout à la fois.

    Plus tard, l’aide soignante vient me chercher: Mr B. est en globe , il a très mal au ventre car il n’arrive pas à faire pipi malgré sa vessie très remplie. J’appelle l’urologue qui doit venir lui poser la sonde car c’est un patient qui s’est fait opérer à ce niveau là et je dois l’assister. Mais je suis toujours seule et je n’ai pas vu mes retours de bloc. Je dois préparer le plateau du chirurgien avant qu’il arrive. Je cours chercher le matériel, je vois l’infirmière de l’autre service sur son portable, elle me regarde passer en courant. C’est tout.

    J’aide le chirurgien et je cours à mon charriot finir mon tour et surveiller les patients qui sont rentrés du bloc. Je suis très en retard sur mes soins. Ma collègue de nuit arrive et je n’ai toujours pas préparé ma relève et ciblé tous les soins prescrits à l’oral que j’ai fait.

    Je suis seule pour un service comme ça d’une vingtaine de lits et ce n’est pas normal. J’ai peur d’oublier quelque chose, de mettre des patients en danger. Ce jour là je suis rentrée à 22H30 chez moi alors que je suis partie le matin à 6H. J’ai failli avoir un accident sur le retour car j’étais fatiguée , dans mes pensées à ressasser ma journée et ce que j’aurais pu oublier de faire. J’étais à deux doigts de faire un tout droit dans un virage.

    C’était un jour de plus dans le service de chirurgie de cette clinique et chaque jour de travail là-bas ressemblait à celui-ci.

    Le problème c’est que tout les hôpitaux ou cliniques où je suis passée c’est comme ça. Un jour ma grand mère, qui était hospitalisée en urgence, doit aller passer un examen avec une cardiologue. Je viens avec elle pour l’aider à comprendre et poser des questions. La cardiologue m’accepte, me demande si je suis infirmière. Je lui dis que oui. Elle me demande alors de dire à l’infirmière du service, où est hospitalisée ma mamie, qu’elle a changé le traitement du patient de la 223 et elle voudrait aussi que je donne l’ECG d’un autre patient qui était resté dans son bureau. Je suis restée bouche bée. Je ne travaillais pas dans cet hôpital, j’étais seulement là en visite et la médecin me demandait de faire ça.

    J’ai essayé de travailler dans le public ou le privé, j’allais au boulot la boule au ventre, j’avais PEUR de ce que je pouvais mal faire, j’avais l’impression d’être une bombe a retardement avant de faire la bêtise qu’il ne fallait pas.

    On a des patients dans les lits, des humains, des personnes qui méritent que l’on s’occupe correctement d’elles. Ce n’est pas normal de travailler sur le fil rouge !

    J’en parle régulièrement avec des amis médecins, internes ou externes, infirmiers, aides – soignants, sage-femme, pompier, etc. Le constat est sans appel que ce soit n’importe quelle personne, nous travaillons tous dans des conditions anormales. Nous avons tous l’impression de foncer droit dans le mur.

    C’est pour cela que je suis partie. J’ai voulu changer de travail. Je me suis dit que j’allais devenir coach ou travailler dans un refuge avec des animaux.

    Mais c’est ce travail que j’aime. J’aime prendre soins des autres, je ne me vois pas ne plus jamais le faire. Alors, je me suis inscrite en tant qu’infirmière libérale remplaçante. Et même si, là aussi, le système va très mal. J’ai quand même le sentiment de pouvoir vraiment prendre soin. J’ai de plus belles relations de soignants/soignés.

    Je me sens impuissante, alors j’apporte mon témoignage à l’édifice. L’hôpital où travaille ma maman recherche 15 infirmières et n’en trouve pas.

    Le jour où j’ai démissionné de la clinique une autre personne que moi partaient pour exactement les mêmes raisons. Elle a tenu à peu près le même temps que moi avant de décider de quitter son poste.

    Tout ce que j’espère, c’est qu’un jour il y aura une solution qui ne fera pas trop de dégâts. En attendant, je continue mon travail et j’ai découvert une façon de le faire qui redonne du sens au métier que j’ai choisi.

    runamande
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